Verbois 2011: la Swiss Family dans la course!Après une première expérience plutôt humide en 2010, la Swiss Family (Papa Suisse et moi-même) a décidé une nouvelle fois d'achever sa saison sur la montée de Verbois.
Verbois, c'est LA route du canton pour les motards. Bon, en fait il y a plein d'autres endroits sympas, mais quatre virages à la suite sans carrefour, c'est rare par chez nous! C'est pourquoi, depuis 1950, le Norton Sport Club y organise une course de côte! Histoire de monter à six virages pour avoir les pneus presque tièdes à l'arrivée!
Heureusement, pour 2011, la pluie est restée aux abonnés absents. C'est fort réjouis et chauffés par le soleil qu'on trépignait gentiment en préparant les motos. Deux jours avant la date fatidique du 15 octobre, on posait les numéros et on vérifiait la pression des pneus. La GSX-R N°128 et la R1 N°129 étaient prêtes! Qu'est-ce qu'on allait leur mettre!
Vendredi après-midi, on se rend à Verbois pour aider à installer tout le matériel nécessaire au bon déroulement de l'évènement. Tables, bancs, grils, machines à cafés, frigos, bouteilles de vin, bières... bref, l'essentiel! Le soir, on installait les machines sous la tente de mon pote JC, venu avec sa ZX-6R. On se chauffe déjà avec les potes, on serre des paluches, on rigole. Qu'est-ce qu'on va leur mettre!
Samedi matin......5 heures. La sonnerie du réveil semble résonner dans ma boîte crânienne et je m'attends presque à devoir éteindre mon cerveau sur la table de nuit pour que ça s'arrête. Non, c'était bien mon réveil et mon cerveau m'envoie un message très clair en refermant systématiquement mes yeux: il n'est absolument pas prêt à se lever!
En vain car mon corps, lui, réclame déjà des forces pour la course et c'est dans le brouillard que je retrouve Papa, qui a réussi à trouver, lui, la machine à café. Deux tasses et un beau toast à la Vache qui rit plus tard, ça va déjà mieux et je saute dans mon jean. A six heures et demie, on jette nos tenues de combat dans la C3 et zou, c'est parti pour le contrôle technique! Arrivés sur place, on constate deux choses: d'abord, tous les gens présents semblent aussi se demander ce qu'ils foutent là, levés avec les poules, pour rouler sept fois cinquante secondes (environ) dans la journée et attendre le reste du temps. Ensuite, les machines à café que l'on a déchargées la veille semblent fonctionner à merveille: le café est dégueulasse, mais il est chaud.
A 8 heures, je finis mon croissant et je pense que je n'aurais pas dû: j'ai envie de faire caca.
A 8 heures et demi, le briefing pilotes a lieu. On sent la pression monter: qu'est-ce qu'on va leur mettre!
A 9 heures et quart, le petit Monkey N°5 est le premier à s'élancer. Les moteurs s'allument un peu partout, mon pote David fait déjà des rupteurs avec sa RSV 1000 et un prototype 125 (moteur Husky, cadre de RS, carénages de 996) semble déjà à la fin de sa vie tellement il crépite.
Enfin, c'est bientôt notre tour! On retire les chauffantes, on descend les motos des béquilles et on rejoint la petite file indienne qui se presse devant le départ. Zacharie (mon pote David, qu'on appelle Zacharie parce que c'est son deuxième prénom) démarre devant moi, en wheeling, submergé par le couple de son Aprilia. C'est mon tour, le speaker annonce mon nom. Est-ce que j'vais m'y mettre?
Je ferme ma visière, je passe la première et je monte à 7'000. Le feu est rouge... encore... toujours rouge. [ventre saint gris] je vais... VERT! C'est parti! Je relâche l'embrayage et ouvre gaz en grand, couché sur le guidon. Peine perdue, l'avant est déjà en train de monter vers les arbres. Je repose une dizaine de mètres plus loin, en passant la deux. Faut pas déconner, les virages sur une roue, je sais pas faire.
J'arrive dans une cassure à gauche qui conditionne le premier droite, dit de la palissade. Ouais, parce qu'il y a une palissade, en fait. Là, il faut prendre bien à l'intérieur pour éviter la bouche d'égout au milieu de la route...
Vous avez deviné, j'ai jamais réussi à passer à côté de cette bouche d'égout. On est donc dans ce droite, en plein accél', et après un micro-bout droit, on s'engouffre dans le gauche du stop. Ouais, parce que là, il y a un stop, en fait. Mais faut pas s'arrêter, parce que là c'est la course.
Après ce gauche, on a un droite, le droite du pont, qui se prend sur... un pont!
Un nouveau micro-bout droit nous emmène au gauche des vignes (ouais, vous avez deviné pourquoi), qui enchaîne directement avec le droite de l'arrivée. Une fois la ligne franchie, on a trente mètres pour s'arrêter. Autant vous dire que pour certains, c'est passé tout juste...
Voilà, je suis en haut. En un peu plus de 54 secondes, soit un temps misérable alors que les premiers sont déjà sous les 50 secondes. Bah... Moi qui pensais que mes quelques expériences sur piste allaient me donner des ailes, c'est pas gagné! Daddy n'est pas à la fête non plus. « Il va me falloir un moment, ça ne va pas du tout. Je suis paumé! »
On redescend, un peu penauds mais ravis d'être là, bientôt sous le soleil et avec encore 5 montées de prévues.
Dans le paddock, on croise les potes, on cause aux pointures, comme Hervé Gantner (futur vainqueur et recordman de la montée en 44 secondes 76... supersonique!). En face de notre tente, c'est le stand Suzuki, où l'invité surprise du weekend arrive tranquillement.
Stéphane Lacaze enfile sa combi jaune et s'apprête à prendre le guidon de la Virus 1000, une prépa' 100% suisse que vous découvrirez dans le prochain Mot'Mot'! Ouah, un de mes héros, juste en face de moi. Je n'aurai jamais réussi à aller lui causer... il m'a pourri dès sa première montée et mon orgueil sur-dimensionné m'a empêché (ainsi que ma timidité, sans doute) d'aller lui serrer la main. La prochaine fois, sans doute...
Sourires et cabrioles l'après-midiA chaque montée, on progresse au chrono. Je ne suis plus qu'à 1 seconde de David et sa RSV 1000.
Il emmanche, le gusse! Daddy s'améliore aussi et est de plus en plus à l'aise. Au tout début de l'après-midi, ma mère, ma soeur, son copain et ma grand-mère viennent nous rendre une petite visite. C'était un grand moment de bonheur de voir ma mère dans le paddock! La moto, c'est pas son truc, les deux hommes de sa vie lui font se faire un sang d'encre à chaque sortie et son fils lui a fichu plus d'une fois une sacrée frousse...
Mais elle est venue, même pour une seule montée, et c'est déjà énorme. « De toute façon, je n'en supporterai pas plus. On se voit à la maison! » Bon, elle a bien fait de ne pas assister à la montée d'après... Sur-motivé après mon dernier chrono, je décide de tout donner! Départ, cabrage top maîtrisé du bestiau et atterrissage tout en douceur de l'avant pour négocier la cassure. Je plonge dans le droite de la palissade, me farcis la bouche d'égout et accélère dans le droit.
Après, je ne sais pas trop pourquoi, mais le champ à gauche est devenu le point central de mes pensées... C'est donc tout naturellement que j'ai relevé la moto pour m'y diriger! Booooon, bin on va y aller hein. Tout sur les freins, je m'apprête à faire mon premier tout-droit jusqu'à ce que je remarque qu'une jolie butte précède le joli pré...
Aha.
ALERTE GENERAAAAAALE! Je lâche le guidon, me relève sur la moto et, sitôt le tremplin négocié, m'éjecte d'un grand coup de talons sur les cale-pieds. Et patatras! Je roule brièvement (et avec élégance) sur les herbes alors que le Gex' se pose tout en douceur à mes côtés. Brave fille, va!
Je me relève, un poil tremblotant mais entier. Un commissaire court vers moi, un ambulancier aussi. Ah, tiens, c'est Morel! Un pote qui m'avait fait promettre de ne pas me ramasser. Il a été déçu, j'étais déjà debout et indemne. Christian passe et je lève le pouce pour lui signifier que c'était cool et que je referais bien un tour. Il avouera plus tard que « c'était [dugenou], parce que j'étais bien ». Oui, moi aussi, j'étais bien... dommage!
Après avoir ramené la moto sur un bord sécurisé de la route, j'explique aux commissaires et à Killian (Morel, l'ambulancier) le pourquoi du comment, avec force gesticulations. Un commissaire a apparemment passé le mot par radio à ceux qui ont arrêté mon père, lui disant que j'avais l'air super énervé.
Bah non, même pas! J'ai rien, la moto aura besoin d'un petit coup de brosse une fois en bas mais n'a rien de grave. Je me marre, c'est une super journée, on s'éclate, je m'en fiche! Y'en a plus d'un qui ont dû me prendre pour un aliéné, mais bon. J'ai vu bien pire!
Après un léger nettoyage et refixation du carénage au scotch, la moto passe devant le directeur de course, qui m'autorise à prendre le départ de la dernière montée! Chic! Killian m'a passé une poche de glace pour mon petit-doigt, qui a un joli bleu quand-même. On repart donc pour un tour, un peu plus froid mais toujours content! Là, en haut, j'suis super content! J'ai mis 7 dixième de plus que ma meilleure montée, en y allant vraiment cool: positif!
Daddy arrive à son tour, très content aussi.
On est heureux de l'avoir refait, heureux d'avoir eu du beau temps, heureux d'avoir partagé ça avec notre famille, pour une fois. Parce que la moto, c'est un peu notre truc à nous, mais c'est quelque chose qui se partage.
Et puis on fera encore mieux l'année prochaine...
... qu'est-ce qu'on va leur mettre!